Fritz Karl Watel naît à Paris en 1635 de parents Suisses. Quatrième fils d’un aide couvreur les ressources de la famille sont des plus modestes.C’est bien simplement qu’il fut élevé et sans que personne ne se soit tellement occupé de son instruction. Vint pour françois l’âge d’apprendre un métier : il ne se sent aucune disposition pour embrasser la carrière paternelle.
Chaque dimanche après-midi, avec ses parents, il se rendait auprès du parrain de son frère aîné, le pâtissier-traiteur Jehan Hévérard et c’est certainement au cours de ses visites qu’il dut sentir s’éveiller les premiers désirs de sa vocation.
En 1646, à l’âge de 11 ans, il entre donc comme apprenti chez Hévérard, il y restera sept ans. C’est ainsi que François Vatel débuta dans la patisserie.
Reproduction d’après A. Bosse, Le Pâtissier
Le soir, retiré en sa mansarde, il travaillait tard la nuit, devant sa chandelle, apportant toute sa volonté à apprendre à écrire et à compter, ce qu’il devait faire par la suite correctement comme en témoignent plusieurs lettres rédigées de sa main lors de son service chez le surintendant Fouquet.
Le jeune garçon était d’une application et d’une réflexion exemplaires. Le traiteur-pâtissier avait eu maintes fois l’occasion de s’émerveiller de l’intelligence de son apprenti.
Enfant lisant – Désiré François Laugée – 1838-
A l’âge de 19 ans il quitte maître Hévérard pour être employé chez un gentilhomme parisien. Sa réputation s’accroît : peu après il est engagé comme chef de cuisine chez Fouquet alors surintendant général du royaume.
Le petit apprenti pâtissier continue à tracer brillamment son chemin.
Lors de son service il est remarqué par Fouquet :<qui aperçut son écuyer de cuisine menant ses gâte-sauces comme un capitaine ses soldats>, ce qui lui valut certainement d’être nommé maître d’hôtel alors qu’il n’avait que 25 ans !
Sa progression fulgurante le mène à être le grand ordonnateur des manifestations pour la réception de Louis XIV au château de Vaux-le-Vicomte. Le roi Louis XIV ne supporte pas le luxe de son ministre des Finances. Vint la disgrâce, le procès et la condamnation de Fouquet. Vatel inquiet s’enfuit en Angleterre.
Le château de Vaux-le Vicomte.
Bientôt Vatel rentre à Paris ayant accepté le titre de contrôleur général chez le prince de Condé.
Quand il revient d’exil le Grand Condé s’installe à Chantilly et s’adonne essentiellement à l’embellissement de son domaine. Mais le roi ne peut se passer de l’un des plus grands militaires de son siècle. Il décide de passer l’éponge en lui rendant visite à Chantilly.
Les festivités du 24 avril 1671 doivent marquer le retour en grâce du Grand Condé auprès de son cousin, le roi Louis XVI. Il a trahi la France pendant la Fronde (1648-1653) en combattant au côté de l’ Espagne.
Le Grand Condé (Paris le 8 septembre 1621- Fontainebleau le onze novembre 1686).
Très stressé par la visite royale le maître d’hôtel n’a plus dormi depuis douze nuits. Conscient de l’importance politique de cette réception, Vatel est au four et au moulin.
Il est chargé des achats de nourriture et de l’embauche du personnel, il supervise aussi la préparation des menus et des plans de table. Son souci : que rien ne manque, que le séjour du Roi-Soleil soit parfait.
Jean-Baptiste Lallemand (1716-1803) : Retour de chasse à courre au château de Chantilly – Vue du château de Chantilly depuis la Grille d’Honneur.
Hélas, pour le jeune maître d’hôtel (il a 34 ans), rien ne se passe comme prévu.
Lors du premier dîner, les convives son plus nombreux que prévu et le rôti manque sur certaines tables. Vatel, déprimé, se désespère, son patron le Grand Condé tente de le rassurer : <Vatel, tout va bien, rien n’était aussi beau que le souper du roi>.Mais les accidents se succèdent : le temps est mauvais et le feu d’artifice tiré en l’honneur du roi vire au fiasco.
La salle à manger du château de Chantilly.
Vers 4 heures du matin, Vatel apprend que les charrettes de poissons et de crustacés, dont il avait passé commande au port de Boulogne, n’arriveraient pas comme prévu. Croyant le banquet royal en péril, le malheureux confie à son adjoint Gourville : <Monsieur, je ne survivrai pas à cet affront-ci>.
La marée, portant, finira par débarquer au petit matin …. juste à temps pour le repas. Mais Vatel est introuvable. On va le chercher dans sa chambre. Sa porte est fermée à double tour. On toque, on crie, on finit par entrer. On trouve le corps de Vatel qui gît au sol dans une mare de sang. Près de lui l’ épée avec laquelle il s’est transpercé à trois reprises.
Le Roi-Soleil, informé par Monsieur le Prince, se montre affligé d’un tel sens de l’honneur mais la fête n’en continue pas moins jusqu’à son terme.
<On dîna très bien, on fit collation, on soupa, on se promena, on joua, on fut à la chasse, écrira Mme de Sévigné dans une lettre à sa fille. Tout était parfumé de jonquilles, tout était enchanté ….>.
Sources.
La pâtisserie illustrée. Numéro 1 de janvier 1936 (Gallica).
https://atelier.leparisien.fr
Étonnant qu’il n’ait pas prévu un menu de remplacement, les courriers devaient arriver rarement à l’heure prévue. Pauvre Vatel , triste fin pour ce tournaisien.:)
Malgré ses grandes qualités, il semble dépassé par l’enjeu que représentait cette réception.
merci pour votre commentaire
gérard
Un grand esprit, un homme plein d’exigences envers lui-même, jusqu’à l’extrême!
Il n’a vraiment pas eu de chance le pauvre pour cette réception…
Excellent billet très documenté, merci à toi pour cette succulente lecture!
Gros bisous et pensées d’amitié
Cendrine
« Les festivités du 24 avril 1671 doivent marquer le retour en grâce du Grand Condé auprès de son cousin, le roi Louis XIV. Il a trahi la France pendant la Fronde (1648-1653) en combattant au côté de l’ Espagne. »
Une petite erreur sur le nom du souverain
très bien illustré! bravo
Merci, j’apporte la correction