C’était le 31 août 1461. Louis XI devenu roi par la mort de son père Charles VII, contre qui il avait toujours été en révolte, fit son entrée dans Paris.
Il portait sur un costume blanc un pourpoint de satin rouge. Son cheval était blanc et couvert d’une housse blanche. Six notables tenaient au-dessus de sa tête un dais de satin bleu semé de fleur de lis d’or.
Plus magnifique encore que le roi était dans ce cortège le duc de Bourgogne, Philippe le Bon. Il était revêtu d’un somptueux habillement de velours noir et coiffé d’un chapeau où de toutes parts scintillaient perles et diamants. Le comte de Charolais, le futur Charles le Téméraire, fils de Philippe le Bon, et les autres grands seigneurs étaient de même richement parés.
A la porte Saint-Denis, deux anges mécaniques descendirent poser une couronne sur le front du prince. Cinq jeunes filles le haranguèrent. Chacune d’elles portait brodée sur la poitrine une des lettres du mot <Paris>.
Dans les rues tendues de tapisseries, le peuple comme d’habitude dans ses cérémonies, criait à plein gossier : <Noël ! Noël !> On dansa toute la nuit.
Quatre ans après, tous ces beaux seigneurs qui avaient accompagné le roi, engagés dans la <Ligue du bien public>, campaient à Saint-Denis. Leur armée, avec le comte de Charolais à sa tête, se proposait d’attaquer Paris et de renverser Louis XI.
Celui-ci était à Orléans. Il accourut avec les forces dont il disposait. Charolais marcha à sa rencontre. Les deux armées se heurtèrent en un choc violent à Montlhéry. Louis XI put passer et rentrer dans sa capitale (1465).
Il fit la pais avec les princes rebelles. Il signa avec eux les traités de Conflans et de Saint-Maur qui leur accordaient de grands avantages.
Louis XI s’attacha alors à gagner les sympathies des bourgeois parisiens. Il les visitait familièrement. Il acceptait d’aller dîner chez maître Jean Dauvet, premier président du parlement, chez maître Denis Hesselin, prêvot des marchands, chez d’autres encore. Il appelait ces notables ses <compères>. a leur table il buvait sec et plaisantait agréablement.
Il n’échappait pas cependant aux moqueries de ses sujets parisiens. En 1468, il revint très humilié de Péronne où Charles te Téméraire qu’il était allé visiter l’avait retenu prisonnier et lui avait imposé un traité désavantageux. A son retour, il fut surpris et irrité d’entendre, sur son passage, aux fenêtres des maisons parisiennes, des geais et des pies, dressés à cet effet, crier : <Péronne ! Péronne!>.
Les parisiens n’ignoraient pas toutefois qu’il fallait prendre garde avec le souverain. Un jour, en place de Grève, ils voyaient, sur un échafaud, agenouillé, les mains jointes, et priant, tourné vers Notre-Dame, un grand personnage. C’était le connétable comte de Saint-Pol. On allait lui couper la tête pour trahison. Un autre jour, ils voyaient passer sur un cheval tout caparaçonné de noir, un autre grand seigneur, suspect de rébellion. C’était le duc de Nemours. On allait lui couper la tête au pilori des Halles.
Ce roi tout moderne, Louis XI, ami des bourgeois, ennemi des féodaux, ne fut jamais tout à fait en confiance avec les parisiens.
Sources.
D’après Paris sa région à travers l’histoire de L.Brossolette (1934)