L’ exposition DOISNEAU PARIS LES HALLES présente 200 tirages, éloges de la vie grouillante du « ventre de Paris » et du vertige qui saisit les Parisiens devant l’énorme béance que constitua le trou des Halles.
<Je savais que cela allait disparaître. Je voulais absolument en fixer le souvenir>.
Les visiteurs, qui se rendent à l’exposition par le métro, dès leur arrivée à la station Hôtel de Ville sont immergés dans l’ambiance de l’exposition : d’un bout à l’autre les murs de la station sont tapissés des tirages du célèbre photographe.
En 1951, « Les Frères Jacques » enregistrent la chanson « Les Halles de Paris ». Cet irremplaçable quatuor français officia de 1946 à 1982, soit pendant 36 années. Le groupe était composé de deux frères André et Georges Bellec, de François Soubeyran et de Paul Tourenne.
(Texte intégral de la chanson en fin d’article).
« Les filles au diable » : la première photographie, prise par Robert Doisneau aux Halles, date de 1933.
<La musique des Halles, c’est le fracas de tous les diables dans l’opéra de tous les jours> Robert Doisneau
Doisneau restera fidèle au quartier pendant 40 ans, revenant sans cesse visiter ce lieu, prendre son pouls, fixer sur le négatif les évolutions et les nouveautés.
Photographie humaniste ses photos reflètent son grand intérêt pour l’être humain dans sa vie quotidienne.
1968 – L’échaudoir de la rue Sauval.
1967- Portrait à la cigarette.
Robert Doisneau était un homme proche de ceux qu’il se plaisait à attraper dans son objectif, toujours avec empathie.
<Paris est un théâtre ou l’on paie sa place avec du temps perdu> Robert Doisneau
Dans les années 1960, les Halles sont menacées, et Robert Doisneau, inquiet et en colère, entreprend de tout voir, tout vivre, tout photographier.
1968 – « Les Halles, la fête ».
<Paris perd son ventre et un peu de son esprit. Je me moque du noctambule qui n’y trouvera plus le brin de fraîcheur après les plaisirs frelatés de la nuit mais je pense à l’homme à la dérive, sans amis dans la ville endormie où les téléphones sont muets, il accostait aux Halles, un peu de chance, il y trouvait de quoi vivre; un peu de chance encore, il était adopté. Ceci n’est pas une légende unique mais une histoire répétée cent fois en confidences de bistrot>. Robert Doisneau.
L’inauguration du Forum des Halles, en septembre 1979, en passant par la destruction des douze pavillons (onze car le numéro huit a été remonté à Nogent-sur-Marne) et le déménagement du marché à Rungis en 1969: Robert Doisneau a constitué un répertoire d’images qui documente l’histoire du Paris populaire.
EXPOSITION DOISNEAU PARIS LES HALLES
Salon d’accueil de la Mairie de Paris du 8 février au 28 avril 2012.
Métro « hôtel de ville ».
LES HALLES DE PARIS (Cornille et Bérard).
Tra la, la, la, la près d’un p’tit hôtel
Y a un’ ‘fille un’ fille,
Y a un’ fille aux yeux de ciel
Tra la, la, la, la, dans le p’tit hôtel
Un garçon, garçon emmène la fille
Aux yeux de ciel.
Dans Les Halles de Paris
Près de la rue Saint-Denis
Y a tout un monde qui vit
Et qui grouille dans la nuit
Y a les mains pleines de sang
Qui portent des boeufs saignants
Y a le bruit des gros camions
Qui transportent les poissons
Et y a les trognons de choux
Qui roulent vers les égouts
Pyramides de carottes
Que l’on va lier en bottes
Des poireaux des échalotes
Des volailles qui gigotent
Des déchets pour les gargottes
Tra la, la, la, la dans le p’tit hôtel
Y a un’ fille un’ fille
Y a un’ fille aux yeux de ciel
Tra la, la, la, la dans le p’tit hôtel
Un garçon, garçon aime une fille
Aux yeux de ciel
Dans Les Halles de Paris
Coule le sang de la vie
Y a de tout à tout les prix
Pour palaces et boui-bouis
Les marchands de quat’ saisons
Y vienn’nt faire leur moisson
Y a des fruits pour tous les goûts
En cageots, en tas partout
Y a des femmes aux yeux éteints
Qui train’nt leurs souliers déteints
Et toute la ribambelle
Des clochards près des poubelles
Se disputant les gamelles
Où dans de l’eau de vaisselle
Nagent quelques vermicelles
Tra la, la, la, la, sortant de l’hôtel
Y a un’ fille, une fille
Y a un’ fille aux yeux de ciel
Tra la, la, la, la, sortant d’un l’hôtel
Un garçon, garçon
Laisse une fille aux yeux de ciel
Les trottoirs nettoyés
Les visages lavés
Le soleil va bientôt se lever
On entend le chorus
Des premiers autobus
Saint Julien a sonné l’Angélus
Quel bonheur, Gérard, de lire votre si bel hommage au talent et à l’humanisme de Monsieur Doisneau! Il a si bien saisi la vie sur le vif et nous offre un spectacle touchant, inoubliable. En contemplant ses photos, on prend la mesure de tout ce qui a si mal évolué dans notre monde ultra mercantile. Je ne vais pas me faire la papesse de l’anti-capitalisme mais je n’aime pas me sentir « agressée » par les vendeurs des boutiques des Halles, quand j’y flâne, essayant de ressentir les émotions d’antan. On a l’impression qu’il faut consommer à tout prix, tout et n’importe quoi, pour être quelqu’un de bien, de « in ».
Robert Doisneau nous a donné une bien jolie leçon de vie et vous vous en êtes fait l’écho, avec poésie et sensibilité. Merci beaucoup. Je vous souhaite un excellent dimanche. Cendrine
Merci beaucoup Cendrine, vos appréciations me touchent énormément.
Vous avez parfaitement raison, sans sombrer dans le « c’était mieux avant » on peut objectivement regretter certaines évolutions de la société actuelle. Je ne pense pas que Doisneau était passéiste, il était un témoin exceptionnel de son époque et ses photos reflètent son humanité et son empathie avec ses sujets.
J’espère que la prophétie récente d’un homme politique se vérifiera : « La société de demain sera moins marchande et moins cupide ».
J’attends avec impatience votre prochain sujet
gérard
Bonjour,
Parisienne et passionnée de photo je ne manquerai pas d’aller voir l’exposition. Récemment aussi à l’hippodrome de Vincennes et lors du Prix de Paris s’est déroulée une exposition dans le grand hall qui montrait des photos de Doisneau , des photos « hippiques » bien sur, du monde des courses. C’était superbe.
Yoshimi
bonjour,
je n’étais pas au courant de cette expo Doisneau à l’hippodrome de Vincennes, sinon je m’y serai rendu ……. au galop bien sûr !!!
merci pour votre visite
gérard
J’aime beaucoup cet artiste… De nombreuses photos vraiment magnifiques et touchantes!
D’ailleurs dans un livre de Doisneau et Cavanna, il y a des photos de classe auxquelles j’avais pensé en voyant celle que vous avez envoyé à Anthony! Les encriers, les ardoises… et surtout les têtes d’enfants sages… sûrement pas tant que ça !
bonjour Adeline,
D’accord avec toi : Doisneau c’est vraiment unique !
Mais si, à l’époque les enfants étaient toujours sages !!!!!!!
gérard