Dans le jardin du Palais-Royal, chaque mercredi à 12 heures, un petit canon de bronze fait sursauter tous les promeneurs. Actionné par un préposé le canon, aujourd’hui télécommandé, ne fait que perpétuer une tradition qui remonte à 1786.
A la veille de la révolution française l’ingénieur Rousseau, horloger de son état, tient boutique dans la galerie du Beaujolais sous les arcades du Palais-Royal.
Spécialiste à Paris des canons méridiens, c’est par ordre du Duc d’Orléans qu’il installe le premier canon de bronze dans le jardin.
Le dispositif est composé d’un petit canon et d’une lentille convergente
fixée au milieu d’un portique en cuivre. L’instrument est orienté
de telle façon que la lentille concentre les rayons du Soleil de midi,
échauffe la culasse, qui met le feu à la poudre et le coup part.
En fonctionnement jusqu’en 1914, puis restauré en 1975 il va reprendre sa vocation d’indiquer le midi solaire jusqu’en 1981.
Remis en service à partir de juillet 1990, il disparaît une nuit de 1998.
Une réplique est installée, qui a recommencé à fonctionner durant l’été 2011.
Le petit canon acoustique du jardin du Palais-Royal est le plus célèbre des canons méridiens.
L’ abbé Delille pressé par le duc d’Orléans de lui dire ce qu’il pensait du jardin du Palais-Royal, le poète prit un crayon et écrivit ce quatrain :
« En ce jardin, tout se rencontre, hormis de l’ombrage et des fleurs. Si l’on y dérègle ses moeurs, au moins on y règle sa montre ».
A la veille de la Révolution française, le palais appartenait à Philippe IV d’Orléans (futur Philippe-Égalité) qui le fit reconstruire suite à un incendie survenu en 1773. Il en fit alors un haut lieu parisien, et y installa des boutiques, des théâtres, des cafés, un jardin…
Le Palais-Royal devint un lieu d’agitation et un lieu de débauche ce qui explique la réponse sarcastique que ce permit de faire l’abbé Delille au duc d’Orléans.
Une devise latine était gravée sur le socle du canon : Horas non numero nibi serenas signifiant « Je ne compte que les heures heureuses ».
Bonsoir Gérard,
Je me suis promenée avec bonheur autour de ce charmant petit canon dont vous contez l’histoire d’une manière que j’apprécie toujours énormément. Avec clarté, précision et talent, désir d’emmener vos lecteurs dans des balades intimistes et fort bien documentées.
Je vais souvent flâner dans les jardins du Palais-Royal, j’aime leur délicate atmosphère et j’espère que ce petit canon là restera en place longtemps.
Je vous souhaite une excellente soirée, surchauffée de surcroît!!!
Bises bien amicales
Cendrine
Je ne compte que les heures heureuses, c’est le titre d’un livre de Claire Fourier paru en 2010 chez l’éditeur Jean-Paul Rocher.
Livre de mélanges dont un chapitre a donné son titre au livre, ce qu’explique l’auteur page 109. Il s’agit d’un recueil de pensées, de saynètes, d’observations, d’aphorismes, de dialogues, de « tout ce qui fait, est la vie », comme dit en quatrième de couverture le journaliste Jean Bothorel qui voit dans ce texte le « livre d’une réfractaire, espèce en voie de disparition sinon déjà trépassée, qui sert avec autant d’audace que de talent le chant et la complainte des authentiques esprits libres ». Quand il ajoute que « mues par un émerveillement perlé de nostalgie, les pages de Je ne compte que les heures heureuses « forniquent avec le firmament » et qu’il conseille la lecture de cet « élixir de jouvence », on ne peut qu’être d’accord.
Pour ma part, avec cette lecture buissonnière, je me suis offert bien des… heures heureuses !
Voilà un commentaire inattendu dont je vous remercie. Vous avez titillé ma curiosité … je compte bien me procurer rapidement cet ouvrage dont vous parlez si bien et je suis sûr qu’à sa lecture je connaîtrai moi aussi … des heures heureuses.
gb