Né en Savoie le 19 juin 1767, Joseph Michaud fait ses études au collège ecclésiastique de Bourg-en-Bresse. À dix-neuf ans, il travaille comme commis dans une librairie lyonnaise, tout en écrivant ses premiers textes littéraires; puis li monte à Paris à l’âge de vingt-trois ans, où il collabore à divers journaux proches de la cour de Louis XVI .
Homme aux opinions politiques fluctuantes, ses revirements successifs lui valurent d’être emprisonné à plusieurs reprises et même d’être condamné à mort.
Pourtant royaliste de coeur, dans les années qui suivent la prise de la Bastille il semble épouser la cause révolutionnaire.
Son poème de 1794 semble l’attester :
Ah ! si jamais des rois et de la tyrannie,
Mon front républicain subit le joug impie,
La tombe me rendra mon droit, ma liberté,
Et mon dernier asile est l’immortalité !
Il prétendra plus tard que ce rejet de la monarchie n’était qu’un subterfuge pour échapper aux persécutions.
L’insurrection du 5 octobre 1795 ou du 13 Vendémiaire.
Après la chute de Robespierre, le 9 Thermidor an II (26 juillet 1794), et la fin de la Terreur les royalistes tentent de reprendre le pouvoir et appellent à des manifestations. Michaud, fidèle à lui-même, prend fait et cause pour l’insurrection royaliste du 13 Vendémiaire (5 octobre 1795).
La révolte est écrasée par Napoléon Bonaparte sur les marches de l’Église Saint-Roch de Paris : la république est sauvée.
Michaud doit quitter Paris précipitamment. Il trouve refuge chez des amis dans les environs de Chartres; il est repéré et ramené vers la capitale à pied entre deux gendarmes à cheval.
Dans l’attente de son procès, on l’enferme dans l’ancien collège des Quatre-Nations qui venait d’être transformé en maison d’arrêt.
Le collège des Quatre-Nations. Estampe d’ Israel Silvestre vers 1670.
Chaque jour, on conduisait le prisonnier de l’ancien collège des Quatre-Nations jusqu’aux Tuileries où siégeait le tribunal militaire qui devait le juger.
Michaud ainsi que ses proches craignaient le pire. Un de ses amis ne se résigne pas à le voir condamner : il s’agit de Nicolas Giguet, qui avait fait ses études comme lui dans la Bresse, et qui était monté lui aussi à Paris dans l’espoir de se faire un nom dans le domaine des lettres et des arts.
Giguet avait repéré le trajet effectué quotidiennement par Michaud et son escorte.
Au matin du 26 octobre, le bruit courait que l’instruction était bouclée, et que Michaud allait être condamné à mort.
Giguet décida d’intervenir.
Palais des Tuileries. Eau-forte, milieu du XVIIème.
Ce jour-là, il s’arrangea pour croiser le petit cortège à la sortie du Pont Royal. Tentant le tout pour le tout, il va au devant du groupe et propose à son ami et aux deux gendarmes de venir déjeuner avec lui.
Après quelques hésitations les gendarmes, qui sont par nature si ballots (Brassens, Brave Margot), alléchés par la perspective d’un bon repas gratis se laissèrent tenter.
Les quatre hommes se retrouvèrent à table. On commanda du vin, des petits plats, l’ambiance était excellente. Nicolas Giguet se mit à vanter la qualité des poulardes de Bresse dont il était originaire : « je vous certifie Messieurs que les poulardes de notre pays sont les meilleures de France. Garçon, une poularde de Bresse ! ».
« Michaud, toi qui t »y connais, va en cuisine pour t’assurer que l’on ne nous trompe pas sur la marchandise ». Michaud se leva, et il descendit tranquillement les quelques marches menant aux cuisines.
Ne le voyant pas revenir, les gendarmes finirent pas s’inquiéter. Hélas pour eux leur prisonnier, sorti par une porte dérobée, était déjà hors d’atteinte.
Le lendemain Michaud était condamné à mort, pour avoir, par ses écrits, « appelé à la révolte et au rétablissement de la royauté ». Son effigie fut guillotinée sur la place de Grève.
Giguet fut détenu et questionné, menacé à son tour d’être condamné à mort. Il réussit à convaincre ses juges de sa bonne foi et après un mois de prison il fut relâché.
Michaud se réfugia quelques temps en Suisse. Sa peine fut commuée, avant d’être annulée par le nouveau régime en place le Directoire.
Incorrigible, quand Bonaparte s’empara du pouvoir en 1799, par le coup d’état du 18 Brumaire, Michaud rédigea un pamphlet intitulé « Les adieux à Bonaparte ». Son auteur fut appréhendé et enfermé dans la prison du Temple.
Cette nouvelle incarcération lui permit de réfléchir au sens qu’il voulait donner à sa vie. Une fois libéré il décida d’interrompre cette vie d’activiste et de s’adonner à sa passion pour l’histoire par un autre biais, la recherche, l’érudition et l’écriture.
Après avoir collaboré activement à la rédaction d’un dictionnaire intitulé « Biographie universelle ancienne et moderne », il consacra jusqu’à son dernier jour l’essentiel de son temps et de son énergie à un seul sujet : les croisades dont il devint un spécialiste.
Le 5 août 1813 Joseph Michaud fut élu au vingt-neuvième fauteuil de l’Académie française en remplacement de Jean-François Cailhava.
Sa réception sous la coupole a dû être particulièrement émouvante pour lui, puisque ce bâtiment qui abritait autrefois le collège des quatre-Nations avait été, dix huit ans plus tôt, sa prison.
La sépulture de Joseph Michaux au cimetière de Passy.
Très malade il eut se trait d’humour : « Le docteur me dit que je me tirerai de là. La médecine est comme la politique, elle fait de belles promesses ».
Joseph Michaud meurt dans sa maison d’Auteuil le 30 septembre 1839 à l’âge de 72 ans.
Sources.
– Un fauteuil sur la Seine de l’académicien Amin Maalouf qui siège sur le 29 éme fauteuil comme avant lui Joseph Michaud – – 2017 – Grasset
Test est-ce que mon commentaire s’enregistre? Essai envoi
Cendrine
Eureka, je vois mon commentaire!!!
Je profite que le Net ne me boude pas pour te dire que j’ai pris grand plaisir à cette lecture, quelle « épopée »!!! En flânant dans les rues de Paris, on marche là où des personnages ont connu des situations tellement picaresques. Un sacré destin que celui de monsieur Michaud!
Et j’aime beaucoup sa phrase: « Le docteur me dit que je me tirerai de là. La médecine est comme la politique, elle fait de belles promesses ».
Je voulais te dire aussi que j’ai beaucoup aimé ton haïku et que tu n’as pas à penser qu’il n’est pas de qualité. Il est très joli et traduit le charme de l’instant, ce que l’esprit du haïku attise donc… bravo!
Gros bisous Gérard ainsi qu’à Paola, belles pensées d’amitié
Cendrine
PS: Tu sais que j’ai lu tes précédents articles mais… je ne pouvais rien valider
Je suis contente de pouvoir le faire à présent
Enfin tes brillants commentaires sont de retour. J’ignore pourquoi ça ne fonctionnait plus … mystère de l’informatique.
Quand on a une perception historique de Paris telle que la tienne, la capitale prend une tout autre dimension, une source inépuisable pour qui s’y intéresse.
Merci pour ton appréciation de mon haïku.. et pour ton indulgence. Tant pis j’en ferai d’autres (lol)
Bisous