En 1936 Raymond Queneau, alors âgé de 33 ans, n’a pas encore connu le succès et « tire le diable par la queue ».
Il cherche désespérément des idées qui puissent <mettre du beurre dans les épinards>, comme il le dit lui-même.
Un beau jour, tout à coup, toc ! il a la bonne idée.
Pas très confiant tout de même, il va présenter son projet à L’Intransigeant, l’un des deux plus importants quotidien parisien de l’époque à Paris.
A sa grande satisfaction, on accueille son idée avec enthousiasme, avec à la clé une rémunération substantielle pour l’époque.
L’idée est simple il s’agit de poser chaque jour, aux lecteurs de L’Intransigeant, trois questions concernant Paris.
Dans un premier temps les réponses sont publiés dans le journal du lendemain. Mais bientôt, succès oblige, les lecteurs les trouvent le jour même dans la page des petites annonces !
C’est donc le 23 novembre 1936 que paraît la première rubrique « Connaissez vous Paris ? » dans le quotidien parisien, dont voici la une du jour.
Raymond Queneau inaugure cette nouvelle rubrique avec les trois questions suivantes :
1) Où se trouvent le trône de Napoléon et le manteau qu’il portait au sacre ?
2) Qui était le Père-Lachaise ?
3) En allant de la place de la République à l’Ile Saint-Louis quels arbres remarquables voit-on sur son chemin ?
Le concept rencontre un grand succès et dure plus de deux ans;
A raison de trois questions par jour, cela en fit plus de deux mille qui furent posées au lecteur. Mais au grand regret de Raymond Queneau, qui adorait ce travail, la rubrique s’arrête le 26 octobre 1938.
Heureusement pour lui , cette même année 1938, il devient lecteur aux éditions Gallimard.
Puis quelques années plus tard le succès arrive : le premier « Mon ami Pierrot » date de 1942, suivrons « Zazie dans le métro » en 1959, « Les fleurs bleues » en 1965, « Cent mille milliards de poème » en 1961 …..
Son poème Si tu t’imagines, mis en musique par Joseph Kosma à l’initiative de Jean-Paul Sartre, est un des succès de Juliette Gréco.
L’un des livres les plus populaires de Queneau, « Exercices de style » est une brève histoire racontée de quatre-vingt-dix-neuf manières différentes.
La compagnie Yves Robert avec les Frères Jacques enregistrèrent (en 1954) certains textes dont : « Récit » « Injurieux » « Onomatopées » et « Réactionnaire » que vous pouvez écouter.
Un livre de poche, paru chez Folio, propose plus de quatre cents de ces questions assorties de leurs réponses.
Voici les réponses aux trois questions posées par Raymond Queneau dans sa première publication du 23 novembre 1936 :
1) Le trône de Napoléon se trouve dans l’ancienne salle du Livre d’Or du sénat, son manteau dans le trésor de Notre-Dame.
2) Le Père-Lachaise était le confesseur de Louis XIV. Il avait un appartement dans la maison des Jésuites située sur l’emplacement actuel du cimetière.
3) Les arbres remarquables sont un Saule vieux, dit-on de quatre siècles, dans le square du Temple, et l’orme planté place Saint-Gervais en souvenir de celui sur lequel on rendait la justice en ce lei au Moyen Âge.
Bonjour Gérard,
Une fois encore, je lis vos écrits avec un immense plaisir! Chacun de vos articles allie le sens du récit, la précision des détails et ce petit plus qui vient captiver le lecteur.
Je vous remercie pour ce très bel exposé sur les débuts de Raymond Queneau. Il est bien dommage que la rubrique se soit arrêtée. Les questions concernant Paris sont une source d’inspiration infinie.
C’est amusant parce que j’en ai écrit quelques unes l’autre jour, à la demande d’une amie, qui en avait besoin pour une animation à son travail.
Je vous remercie aussi pour votre fidélité et vos très gentils messages.
Je vous souhaite une excellente journée, bises
Cendrine
Bonsoir Gérard,
Je fais ma noctambule pour vous souhaiter une excellente nuit et vous remercier à nouveau pour la qualité de votre article.
Bises
Cendrine
bonjour Cendrine,
désolé, vous deviez marcher sur la pointe des pieds car je ne vous ai pas entendu entrer !
Il faut dire qu’après une journée épuisante, avec un aller et retour pour Nice, pour raisons familiales , la fatigue était grande !!!
Encore un grand merci pour l’intérêt que vous portez à mon blog.
bises
gérard