Alix la Burgotte, était religieuse à l’hôpital Sainte-Catherine (1181-1794) rue Saint-Denis, dans le quartier des Halles. Après un certain temps, elle manifesta le désir de se cloîtrer, ce qui lui fut accordé. Le 2 juillet 1424, elle acquit de Jean Nicolas, papetier, un terrain d’environ cinq toises (moins de 10 m2), entre l’église et la fontaine des Innocents, sur lequel elle fit construire son réclusoir.
Alix la Burgotte avait pour demeure une espèce de cellule étroite où le jour et l’air ne pénétraient que par deux meurtrières grillées, dont l’une ouvrait sur la voie publique et lui servait pour recevoir ses aliments, et l’autre, pratiquée dans l’église même, lui permettait de prendre part aux cérémonies religieuses.
Alix y mourut le 29 juin 1466 après y avoir demeuré au moins 46 ans comme l’indiquait son tombeau situé dans l’église des Saints-Innocents.
Il y eut d’autres récluses volontaires ou forcées. Parmi ces dernières Renée de Vendomois, femme noble, adultère, voleuse, qui fit assassiner son mari, Marguerite de Barthélemi, seigneur de Souldai.
En 1485, le roi Charles VIII, fit grâce de la vie à Renée, et le parlement la condamna à demeurer perpétuellement récluse et emmurée au cimetière des Saints-innocents à Paris, en une petite maison qui lui sera faicte à ses dépens et des premiers deniers venans de ses biens, joignant l’église, ainsi que anciennement elle estoit.
À côté de cette église, se trouvait un cimetière dont l’origine remonte au moins au Xe siècle, ce cimetière était le plus important de la ville. Il devait son nom à l’église des Saints-Innocents, fondée au XIIe siècle ; c’est elle que l’on reconnaît au centre de la composition de Jakob Grimer, sa façade donnant sur le cimetière, alors que son abside touchait la rue Saint-Denis.
La petite maison de l’angle gauche est sans doute celle qui servit aux recluses volontaires.
Cimetière et église des Saints-Innocents – Jakob Grimer – Musée Carnavalet.
Les quatre côtés du cimetière étaient bordés depuis le XIVe siècle par des galeries à arcades que surmontaient les célèbres charniers, c’est-à-dire des combles où s’entassaient les ossements retirés des fosses communes.
Louis XI, émerveillé de la constance d’Alix la Burgote, lui fit élever un tombeau de marbre noir supporté par quatre lions de cuivre, sur lequel elle était représentée couchée, tenant un livre et portant une ceinture semblable à celle des cordelières.
L’inscription suivante se lisait sur son tombeau :
En ce lieu gist sœur Alix la Burgotte,
A son vivant récluse très dévotte.
Rendue à Dieu femme de bonne vie
En cet hostel voulut être asservie,
Où a régné humblement et longtemps
Et demeuré bien quarante et six ans,
En servant Dieu augmentée en renom
Le roi Loys, onsièsme de ce nom,
Considérant sa très grande préfecture,
A fait élever icy sa sépulture.
Elle trépassa céans en son séjour,
Le dimanche vingt-neuvième jour,
Mois de juin mil quatre cent soixante et six,
Le doux Jésus la mette en paradis.
Amen !
Chalon John James Genève 27 Mars 1778 / Londres le 14 novembre 1854.Œuvre réalisé en 1822, exposé au Musée carnavalet.
Supprimé en 1785 pour des raisons de salubrité, le cimetière fut rasé, avec l’église attenante, et remplacé par un marché qui lui-même devait disparaître au XIXe siècle pour permettre l’aménagement du square des Innocents.
La fontaine des Innocents vers 1900.
L’actuelle fontaine des Innocents est située au centre de l’ancien cimetière des Innocents. Elle a été réalisée entre 1546 et 1549, en remplacement d’une fontaine remontant à l’époque de Philippe Auguste, par Jean Goujon, sur un dessin de Pierre Lescot, afin de célébrer l’entrée solennelle d’Henri II à Paris.
Absolument passionnant ! Merci pour cette évocation de notre histoire parisienne si bien narrée et documentée.
Merci Pierre ! je suis heureux que cet article vous ai intéressé.
gérard
Je souscris pleinement à ce que t’a écrit le précédent lecteur!!!
Un excellent article avec cette évocation de sinistres réalités… Infortunées recluses… Forcées, c’est atroce…Et volontaires, cela semble fou… Je sais bien que certains accomplissent des choses inimaginables au nom de la religion, de la « morale » etc… mais…
J’ai visualisé les scènes, c’est fort bien conté, un grand merci Gérard, j’adore m’installer dans l’univers de ton blog et lire, sans modération!
Gros bisous
Cendrine
Intéressant et passionnant Merci ,dommage que je ne peut le partager ,pour mes ignares de la poste . Jean Michel .
intéressant et passionnant
Bonjour, je suis passionnee par l’histoire médiévale de Paris . Plus particulièrement par le règne de Louis le gros avec surtout l’histoire De l’abbaye royale de la reine Adélaïde. Quelle bibliothèque d’archives puis-je consulter pour approfondir ma recherche.
J’habite 12 rue P Fontaine depuis 35 ans. J’ai toujours entendu dire que le 10 ( actuel Theatre Fontaine) il y avait un cimetiere. Je m’acharne à en savoir davantage sur ce cimetiere dont le présence a été authentifiée mais c’est tout. Quelle époque? Faisait-iil parti des fiefs de l’abbaye royale lorsqu’elle a dû se replier dans l’enclave du bas Montmartre.? Abbesse melle de la Rochefoucauld )
Pouvez-vous m’aider à résoudre ce mystère?
Je vous en remercie vraiment beaucoup.
Françoise. H
bonjour,
Vous pouvez vous rendre à la bibliothèque histoire de la ville de Paris située au 24 rue Pavée dans le 4éme. Elle est ouverte à tous sur présentation d’une carte d’identité et d’une photographie d’identité. Je pense qu’il s’agit du meilleure endroit pour trouver des réponses à vos questions.
merci
gérard
Bonjour,
Article très intéressant
J e m’intéresse à l’histoire du cimetière des Innocents, particulièrement à Moi, François Villon écrit par Mr Jean Teulé, qui malheureusement vient de décéder inopinément cette semaine.
Lorsque j’irai à Paris j’irai voir cette fontaine située à l’emplacement de l’ancien cimetière des Innocents.
Merci bien
Ping : Au Moyen Âge, des femmes choisissaient d'être emmurées vivantes
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Cest le mot « reclus » qui m’a fait découvrir les horribles merveilles de cette période..
Un grand merci