Sur la ville de Paris de Isaac de Benserade.
Rien n’égale Paris ; on le blâme, on le louë ;
L’un y suit son plaisir, l’autre son interest ;
Mal ou bien, tout s’y fait, vaste grand comme il est
On y vole, on y tuë, on y pend, on y rouë.
On s’y montre, on s’y cache, on y plaide, on y jouë ;
On y rit, on y pleure, on y meurt, on y naist :
Dans sa diversité tout amuse, tout plaist,
Jusques à son tumulte et jusques à sa bouë.
Mais il a ses défauts, comme il a ses appas,
Fatal au courtisan, le roy n’y venant pas ;
Avecque sûreté nul ne s’y peut conduire :
Trop loin de son salut pour être au rang des saints,
Par les occasions de pécher et de nuire,
Et pour vivre longtemps trop prés des médecins.
Dans ce sonnet composé de quatorze alexandrins, Benserade décrit une ville fascinante, hors normes qui ne peut laisser personne indifférent :
Rien n’égale Paris ; on le blâme, on le louë.
Isaac Benserade naît à Paris ou à Lyons-la-Forêt en Normandie, en 1612.
Poète, courtisan et bel esprit, Isaac de Benserade fut le protégé du cardinal de Richelieu et de Louis XIV et il fut adulé par les milieux mondains de son époque.
Pensionné à la hauteur de six cents livres par an par Richelieu, on lui doit une épitaphe humoristique à la mort de ce dernier :
- Cy-gist, oui, gist, par la mort-bleu !
- Le cardinal de Richelieu ;
- Et ce qui cause mon ennui,
- Ma pension avecque lui.
Benserade fut nommé à l’Académie française le 9 avril 1674.
Mort le 19 octobre 1691, il fut inhumé dans le cimetière Saint-Eustache. En 1787, ses ossements furent transférés aux catacombes de Paris.
J’ai adoré l’épitaphe!!!
Excellent esprit…
Quant à sa vision de Paris, elle est fascinante et reflète ce que nous ressentons: Paris est une entité à part, une ville monde qui ne peut laisser indifférent…
Ambivalente, ensorcelante, attachante, parfois horripilante, désarmante, captivante…
Gros bisous Gérard et bravo pour ton billet
Belle soirée
Cendrine
Oui l’épitaphe est savoureuse !
C’est formidable des poèmes comme celui de Benserade qui condense, de façon brillante, ce que l’on peut ressentir confusément.
bisous
gérard