En 1969 les éditions Jean-Jacques Pauvert publie « Lourdes, lentes … » récit érotique, sous le pseudonyme de Steve Masson. Le livre choque Raymond Marcellin, ministre de l’Intérieur,son auteur andré Hardellet se trouve condamné pour « outrages aux bonnes mœurs », par la 17ème chambre correctionnelle de Paris.
André Hardellet naît à Vincennes le 13 février 1911, il décède à Paris le 24 juillet 1974.
Elève brillant aux lycées Montaigne et Louis-le-Grand, il entame des études de médecine qu’il abandonne pour travailler avec ses parents dans l’entreprise familiale, « Les alliances Nuptia », une fabrique de bijoux située, 2 rue des Haudriettes, dans le quartier du Marais.
Il ne commence à publier qu’à quarante ans passés, avec La Cité Montgol (Seghers, 1952).
Il s’impose vite comme un poète singulier.
Romancier, essayiste, il écrira plusieurs chansons, dont le fameux « Bal chez Temporel », repris par Guy Béart et Patachou.
André Hardellet par Robert Doisneau.
En 1974, il reçoit le prestigieux prix des Deux-Magots pour « Les Chasseurs Deux » un recueil de poèmes publié aux éditions Jean-Jacques Pauvert.
« Les chasseurs deux », André Hardellet 1973.
André Hardellet fréquenta Georges Brassens, Alphonse Boudard, René Fallet, Robert Doisneau, Julien Gracq ….
Hardellet grand pêcheur à la truite, qui portait la moustache et « le sourire au palpitant ».
En 1975, la prestigieuse collection Poètes d’aujourd’hui accueillit le poète : essai et choix de textes sous la plume d’Hubert Juin.
Au cours de sa courte carrière, André Hardellet, à publié 14 livres dont Le seuil du jardin, La cité Mongol, Le parc des Archers, Lady Song Solo …..
Le livre de Françoise Demougin étudie l’œuvre de André Hardellet, mal connu encore du public alors que andré Breton dès 1958 le saluait comme « le conquérant des seules terres vraiment lointaines » qui vaillent la peine.
Quelques citations de andré Hardellet :
Saule. Le saule qui, d’une basse branche, tâte l’éternité de la rivière.
L’été — C’est l’ombre de la jarre qu’emperle son frais et cette parole qui traverse encore le dédale de vacances.
Le désir. C’est la flèche de rubis qui voie par-dessus l’Orénoque en flammes et décochée sans bruit.
L’enfance. C’est la clef rouillée que cachent les buis, celle qui forcerait toutes les serrures.
Grillon. Manœuvre inlassablement sa petite poulie grinçante.
Le mystère. C’est la voix étouffée des ramoneurs derrière les murs et le parcours de la Grange-Batelière sous l’Opéra.
La peur. C’est un roulement de tombereau, la nuit, dans un bois où ne passe aucune route.
La douceur. C’est un vol de chouette, sous le taillis, au crépuscule.
Le contentement. C’est l’odeur d’une blonde qui, lente, efface ses bas noirs.
L’angoisse. C’est la congestion, comme une émeute violette, sur le bitume où bouge un soleil ahurissant….
La douceur. C’est un vol de chouettes sous le taillis, au crépuscule.
Clair de lune. Un balai posé contre un mur, sous une lucarne.
Rose des Vents. Fleurs sculptée dans l’air par des cardinaux stables avec le parfum de quatre saisons.
L’amour – C’est ce pays à l’infini ouvert par deux miroirs qui se font face.
Saltimbanques. Crépusculaires, un doigt sur la bouche, ils connaissent le chemin du val et du bal.
Plumier. Le plumier soudain ouvert, et qui embaume le crayon frais taillé, laisse filer une musique d’essaim.
Dame (en noir). Le parfum de la dame en noir s’évade, rose et nonchalant, d’une guêpière délaissée sur un fauteuil.
Hiver. Pénétrer dans l’hiver d’une orange glacée.
Chance. Un coup de chance comme, soudain, une odeur balsamique dans le vent des rues.
Lucarne. Par cette lucarne – la seule dans la ville – on assiste aux travaux secrets de la nuit.
♪ Bal Chez Temporel ♪
Un jour ou l’autre
Pense à ceux qui tous ont laissé leurs noms gravés
Auprès du nôtreD’une rencontre au bord de l’eau
Ne restent que quatre initiales
Et deux curs taillés au couteau
Dans le bois des tables bancalesSi tu reviens jamais danser chez Temporel
Un jour ou l’autre
Pense à ceux qui tous ont laissé leurs noms gravés
Auprès du nôtreSur le vieux comptoir tu pourras
Si le cur t’en dit boire un verre
En l’honneur de nos vingt carats
Qui depuis se sont fait la paireSi tu reviens jamais danser chez Temporel
Un jour ou l’autre
Pense aux doigts qui tous ont laissé quelques » je t’aime »
Auprès du nôtreDans ce petit bal mal famé
C’en est assez pour que renaisse
Ce qu’alors nous avons aimé
Et pour que tu le reconnaissesSi tu reviens jamais danser chez Temporel
Un jour ou l’autre
Pense aux bonheurs qui sont passés là simplement
Comme le nôtre.
Sources.
http://www.causeur.fr/hardellet-beart-banlieue-poesie-39432.html
J’adore cette « écriture de chair », les mots sont puissamment incarnés sous la plume du poète conteur… Un éveilleur somme toute, des sens et de l’esprit!
Très beau choix d’article et une riche documentation, je te dis bravo et merci pour cette générosité, je vais revenir « goûter » les mots et plutôt goulument…rires!
Gros bisous Gérard, pensées pour ta famille, donne-moi des nouvelles…
Cendrine