Rodin fut certainement impressionné par l’Ugolin de Jean-Baptiste Carpeaux, célèbre groupe dramatique dont le sujet est tiré de La Divine Comédie de Dante. Vingt ans plus tard, après avoir reçu la commande de La Porte de l’Enfer , il dessina plusieurs fois ce thème dantesque : fait prisonnier, rendu fou par la faim, Ugolin dévore ses enfants morts, ce qui lui vaut la damnation.
Ugolin de Jean-Baptiste Carpeaux au Petit-Palais.
Dans son groupe pour La Porte de l’Enfer, Rodin représente le drame juste avant qu’il n’atteigne son paroxysme : Ugolin rampe sur le corps de ses enfants mourants mais il n’a pas encore totalement cédé à ses pulsions bestiales.
Porte de l’Enfer au musée Rodin.
Nu, grimaçant, à genoux, cet homme désespéré touche le fond de la dignité humaine.
En dehors de la Porte, Rodin choisit d’en faire également une œuvre autonome.
Dans les jardins du musée Rodin (en arrière-plan la coupole des Invalides).
Première édition de « La Divina Comedia » de Dante, 1555.
Ugolin de Ghererdesca (né vers 1220 à Pise – mort en 1289 dans la même ville) se rendit maître de Pise, avec l’assistance de Ruggieri degli Ulbaldini, archevêque de Pise, et dépouilla de son autorité Nino de Galliera de Visconti, qui y commandait avant eux sous le titre de Giudice.
La mésintelligence ne tarda pas à régner entre le Comte et l’Archevêque, et celui-ci, fit courir le bruit qu’Ugolin trahissait la patrie.
Le comte Ugolino della Gherardesca.
L’ambitieux Archevêque, avec l’aide de trois familles (Sismondi, Lanfranchi, Gualandi), en se faisant précéder par la croix, marche au palais du Comte, l’en arrache, et le conduit, avec ses quatre enfants, dans une tour qui était sur la place des Anziani ou magistrats de la ville.
Il ordonna ensuite qu’on jetât dans l’Arno les clefs de la tour, et qu’on laissât Ugolin et ses enfants mourir de faim.
Illustration de Gustave Doré. (publié en 1892 à Londres).
Le Palais de l’Horloge ancien édifice médiéval qui donne sur la place des Cavaliers. Modifié entre 1605 et 1608, la structure englobait les deux tours déjà présentes : le Palais de Justice et la Tour de la Fame, où mourut le célèbre comte Ugolino Della Gherardesca.
Aujourd’hui le Palais de l’Horloge accueille la bibliothèque de l’École Normale Supérieure de Pise.
Sources.
http://www.musee-rodin.fr/fr/collections/sculptures/ugolin-et-ses-enfants
Une thématique aussi forte que celle du Saturne dévorant ses enfants et qui fait songer aux représentations de Goya. Bravo Gérard pour cette subtile exaltation de groupes sculptés incontournables des études d’Histoire de l’Art.
Les travaux de maîtres comme Rodin ou Carpeaux nous laissent toujours admiratifs!
Gros bisous et pensées amicales
Cendrine