Eh! La France, ton café fout le camp! » se serait exclamée la Comtesse du Barry en s’adressant au roi Louis XV. L’expression aurait été prononcée le 20 mars 1773 par la maîtresse du roi.
Le café est alors un breuvage au raffinement extrême, apprécié par la seule élite qui a les moyens de s’en offrir. On peine à imaginer le mode opératoire laborieux qui a cours au XVIIIe siècle… Les grains de café doivent d’abord être torréfiés à la main dans une poêle puis moulus à l’huile de coude. Une fois réduit en poudre, le café doit ensuite être infusé 10 fois de suite dans de l’eau frissonnante.
La comtesse du Barry dégustant un café ….. peut être préparé par Louis XV.
Le roi, en amateur éclairé, ne confiait à personne la délicate tâche de la préparation de son café journalier.
Un beau matin, alors qu’il batifole avec la jeune et belle Comtesse du Barry, il oublie sa mixture sur le feu qui menace de déborder. Avec une distinction toute particulière, la favorite crie alors à son royal amant :
– Hé, la France! Prends donc garde, ton café fout le camp!
La formule tombe dans d’ oreilles indiscrètes et bientôt tout le château se moque de Louis XV qui se fait mener par le bout du nez par la du Barry.
A partir de 1910, une femme à la voix grave et vibrante bouscule la façon de chanter. Habillée d’une robe noire, un projecteur braqué sur ses bras blancs, un rideau de velours noir derrière elle : DAMIA surgit de la nuit parisienne.
Damia donne ses lettres de noblesse à un genre : la chanson réaliste.
En 1936, la France découvre les congés payés : c’est le Front Populaire.
Damia suit l’air du temps, elle quitte un instant son répertoire tragique. Elle veut faire chanter et propose des chansons avec des titres plus légers.
Mais tout tout s’enchaîne vite :
Hitler au pouvoir en Allemagne annexe l’Autriche, c’est l’anschluss. La nuit de cristal révèle, à l’Europe indécise, l’horreur des violences anti-juive dans le IIIéme reich.
Benito Mussolini signe le manifeste des lois raciales fascistes.
Alors, en mai 1939 Damia renoue avec la tragédie, elle ajoute à son répertoire « Tout fout l’camp ».
Dans cette chanson, celle qu’on appelait la tragédienne lyrique, dénonce avec force le fascisme :
« Nous nageons tous dans la bêtise
Et l’on invente des drapeaux
On met des couleurs aux chemises
Sous la chemise y a la peau ».
Elle sera contrainte de retirer cette chanson très engagée de son répertoire.
« Tout Fout L’camp » de Juel et Asso.
Nous nous croyons des presque Dieu
Et pan! le nez dans la poussière
Qu’est-ce que nous sommes: Des pouilleux
{Refrain:}
Et là-haut les oiseaux
Qui nous voient tout petit, si petits
Tournent, tournent sur nous
Et crient: Au fou! au fou!
Et l’on invente des drapeaux
On met des couleurs aux chemises
Sous la chemise y a la peau
{au Refrain}
Vive la mort, vive la fin
Pas un ne crie vive la vie
Nous sommes tous des assassins
{au Refrain}
Bonne saison pour les volcans
On va faire sauter le monde
Cramponnez-vous, tout fout l’camp!
Qui nous voient tout petit, si petits
Tournent comme des fous
Et crient: A nous! A nous!
Si l’on voulait vivre d’abord
Pourquoi se creuser la cervelle
Quand y a du bon soleil dehors!
Les photos de Damia sont remarquables de beauté, une artiste très inspirée nous regarde.
La folie café au 18e siècle était proportionnelle à la folie chocolat, cela nous prouve que nos « ancêtres » étaient bien gourmands, à l’instar de nous…rires!
J’imagine Louis XV et sa maîtresse avec leur café du matin, trop drôle!
Merci pour ce bel article, je te fais de grosses bises
Cendrine
merci Cendrine bisous
Bref mais très intéressant! En revanche, je trouve étonnant que les crédits photos et les sources n’apparaissent pas!
réponse par mail le 18 février