Le siège de Paris est un épisode de la guerre franco-allemande de 1870, entrepris par les Allemands à la suite de la défaite de Napoléon III à Sedan.
A partir du 17 septembre 1870, la ville est rapidement encerclée par les troupes allemandes.
Coupée du reste du pays, la capitale subit rapidement la rigueur exceptionnelle d’un hiver (pointes à -12 °C en décembre) tandis que les bombardements allemands aggravent la situation.
Le rationnement des denrées est organisé avec retard, les queues s’allongent devant les commerces de bouche littéralement pris d’assaut. Les prix de la viande, des conserves, du pain et des denrées alimentaires flambent. Les boulangers vendent un pain noir de composition inconnue.
Au début d’octobre, le gouvernement décide d’ouvrir des boutiques municipales, mais qui ne pourront rapidement distribuer que quelques dizaines de grammes de viande par personne, pour ne plus disposer à la fin du mois que de suif.
Cantine Municipale pendant le siège. Henri Pille (1844 – 1897). Musée Carnavalet
C’est l’un de ces établissements que représente Clément-Auguste Andrieux (né en 1829) dans La Queue devant la boucherie.
Les animaux du Jardin des plantes sont sacrifiés :
Le 30 décembre c’est le tour de Castor et Pollux, les deux éléphants du Jardin des Plantes, d’être abattus et les bouchers vendent de la trompe d’éléphant de premier choix à 40 francs la livre.
Abattage de l’éléphant du Jardin des Plantes lors du siège de Paris.
Dans Choses vues, le 30 décembre 1870, Victor Hugo note : « Ce n’est même plus du cheval que nous mangeons. C’est peut-être du chien ? C’est peut-être du rat ? Je commence à avoir des maux d’estomac. Nous mangeons de l’inconnu. »
Dans les restaurants de luxe, on sert de l’antilope, du chameau, de l’éléphant, du kangourou.
Menu du 25 décembre 1870 – Café Voisin, 261 rue Saint-Honoré.
Suite à la prise de Paris par les Prussiens au mois de septembre, le gouvernement de défense national décide d’envoyer son ministre de l’intérieur, Léon Gambetta, à Tours afin d’organiser la résistance.
Pour ce faire, le fondateur de la IIIe république est obligé d’employer la voie des airs. Le 7 octobre 1870, Gambetta s’envole en ballon de la butte Montmartre avec son assistant Spuller devant une foule ébahie et enthousiaste.
Le 23 janvier 1871, à Versailles, Jules Favre obtient un armistice. Cette décision, assimilée à une capitulation, ne fait qu’accroître l’exaspération d’une partie de la population convaincue d’un injuste abandon et va constituer une des causes de la Commune.
Pour un beefsteak est une chanson écrite pendant et à propos du Siège de Paris (1870) le 15 octobre 1870 par Emile Deureux, dans le journal de Blanqui La Patrie en danger sur l’air de Le Plan de Trochu.
Interprète :
Armand Mestral dans l’album La Commune en chantant, Collectif.
Paroles :
J’entends des fous parler de résistance,
De lutte à mort, de patrie et d’honneur !
Mon ventre seul exige une vengeance :
Sous le nombril j’ai descendu mon cœur.
Libre aux manants de rester patriotes,
Et de mourir sous les feux ennemis ;
Moi, j’aime mieux la sauce aux échalotes…
Pour un beefsteak, messieurs, rendons Paris.
Moi, j’aime mieux la sauce aux échalotes…
Pour un beefsteak, messieurs, rendons Paris.
Vive la Paix ! La France est aux enchères ;
Demain, bourgeois, vous pourrez regoinfrer.
Bismarck attend au château de Ferrières
Que dans Paris, Thiers lui dise d’entrer.
Favre griffonne un dernier protocole,
Trochu renonce à son plan incompris…
Allons Brébant, tourne la casserole :
Pour un beefsteak, on va vendre Paris.
Allons Brébant, tourne la casserole :
Pour un beefsteak, on va vendre Paris.
Que font à moi l’Alsace et la Lorraine ?
Dans ces pays, je n’ai ni champ ni bien.
Que le Prussien nous les laisse ou les prenne,
Je m’en bats l’œil, car je n’y perdrais rien.
Plus que Strasbourg, ma table m’intéresse :
Metz ne vaut pas une aile de perdrix ;
Et puis, tout ça fait bouder ma maîtresse…
Pour un beefsteak, messieurs, rendons Paris.
Et puis, tout ça fait bouder ma maîtresse…
Pour un beefsteak, messieurs, rendons Paris.
Allons, c’est dit, bobonne, fais toilette ;
Au salon bleu remets des rideaux neufs.
Et toi, Manon, va battre l’omelette :
Grâce aux Prussiens, nous mangerons des œufs.
Je veux demain recevoir à ma table
Trois Bavarois, et je veux qu’on soit gris…
Vive la paix ! la Patrie est au diable !
Pour un beefsteak, on a rendu Paris.
Vive la paix ! la Patrie est au diable !
Pour un beefsteak, on a rendu Paris.
Paragraphe non présent dans la chanson:
On dit encor que la France est mourante ;
Que l’étranger lui ronge les deux flancs ;
Et que partout, sous leur botte sanglante,
Comme des serfs, nous courbent les uhlans.
Pleure qui veut de cette scène amère,
Mais que la paix mette fin à ces cris !
La viande manque chez ma cuisinière…
Pour un beefsteak, messieurs, rendons Paris.
La viande manque chez ma cuisinière…
Passionnante et terrible histoire! On a du mal à imaginer ce qu’ont vécu les parisiens de l’époque et pourtant… que de douleur et de détresse avec cette faim au ventre, la peur, le froid de l’âme et du corps… Très bel article Gérard, je t’embrasse, passe une belle journée
Cendrine