Le 19 septembre 1870 débute le siège de Paris par les Prussiens. La capitale est encerclée, la ville est bombardée chaque jour. Les hommes valides, sous le commandement de Gambetta, sont enrôlés pour desserrer le blocus qui va durer cinq mois, dans le froid et la faim. La France capitulera le 28 janvier 1871.
Le siège de Paris par Jean-Louis-Ernest Meissonier (1815 – 1891).
Le 7 octobre 1870, le gouvernement de défense national décide d’envoyer son ministre de l’intérieur, Léon Gambetta, à Tours afin d’organiser la résistance. Pour ce faire il est obligé d’employer la voie des airs et quitte la capitale en ballon accompagné de deux autres membres du gouvernement. Il devient alors ministre de la Guerre et organise de nouvelles armées pour délivrer Paris.
Dans « Choses vues » ,ouvrage publié pour la 1ére fois en 1887 soit deux ans après sa mort, Victor Hugo raconte ce qu’il vit lors d’une de ses balades parisiennes ce 7 octobre 1870.
Hugo, croqué par Mérimée.
« Ce matin, en errant sur le boulevard de Clichy, j’ai aperçu au bout d’une rue entrant à Montmartre un ballon. J’y suis allé. Une certaine foule entourait un grand espace carré, muré par les falaises à pic de Montmartre. Dans cet espace se gonflaient trois ballons, un grand, un moyen, un petit. Le grand, jaune, le moyen, blanc, le petit à côtes, jaune et rouge. « On chuchotait dans la foule : Gambetta va partir ! J’ai aperçu en effet, dans un gros patelot, sous une casquette de loutre, près du ballon jaune, dans un groupe, Gambetta. Il s’est assis sur un pavé et a mis des bottes fourrées. Il avait un sac de cuir en bandoulière. Il l’a ôté, est entré dans le ballon, et un jeune homme, l’aéronaute, a attaché le sac aux cordages, au-dessus de la tête de Gambetta. Il était dix heures et demie. Il faisait beau. Un vent du sud faible. Un doux soleil d’automne ……. ».
Léon Gambetta né le 2 avril 1838 à Cahors, mort le 31 décembre 1882 à Sèvres. Membre du gouvernement de la Défense Nationale en 1870.
Le Constitutionnel, quotidien politique français, relate ainsi l’événement dans son numéro 280 du 8 octobre 1870 :
Les voyages en ballon se sont popularisés grâce à Nadar depuis la fin de l’Empire.
Le ballon de 16 mètres de diamètre, est gonflé au gaz d’éclairage. il en faut 1200 m3. L’Armand Barbès monte jusqu’à cent mètres et attend le vent. Il faut un vent de nord pour que le ballon aille vers Tours. Hélas, c’est un vent de sud-est qui se lève et le ballon file vers les lignes Prussiennes au nord de Paris !
Les Prussiens tirent sur le ballon. il faut jeter du lest pour prendre de la hauteur et se mettre hors de portée des balles. Mais le vent tombe. Le ballon n’avance plus. Il perd peu à peu de l’altitude. Il passe au dessus de Beauvais. Il rase la cime des arbres. On est parti à 10h30 de Montmartre. Il est 15h40. Le ballon s’échoue dans un chêne.
Gambetta crie « Vive la République », pensant être prêt à mourir. On lui répond: « vive la France ». C’est un miracle. Ils sont sauvés par des paysans qui ont suivi des yeux la chute du ballon.
On est dans l’Oise, à 68 km au nord de Paris. Il sort rapidement du bois, on lui prête une voiture. Il prend le train jusqu’à Amiens, change de train, gagne Rouen, et de là, toujours par chemin de fer, il arrive enfin à Tours.
Le voyage aura finalement duré deux jours et trois heures!*
Sources.
* » les oubliés de l’Histoire », par Pierre Miquel, Ed. Nathan.
Un remarquable article qui tient en haleine le lecteur, ravivant une page d’histoire qui n’est pas si lointaine en somme et qui nous montre que les aléas de l’histoire humaine sont légion, que la chance et le salut tiennent à bien peu de choses et nous fait en même temps nous interroger sur le « courage » et le sens du sacrifice de nos dirigeants contemporains (tous partis confondus). Je reviendrai lire cet article Gérard. Un grand bravo pour la clarté et la précision de l’exposé.
Belle journée à toi et à tes proches, gros bisous
Cendrine
Ca faisait longtemps que je n’avais pas pris le temps de vagabonder par ici, je ne suis pas déçue de la visite : c’est toujours un réel plaisir de lire vos histoires si joliment décrites et très intéressantes ! Bravo à vous ! Bises et à bientôt 🙂
Savez-vous qui accompagnait Gambetta dans la nacelle de l’Armand Barbès, qui était dans l’autre ballon et ‘il y en avait un 3ème ( ce que j’ai pu voir sur certaines représentations de l’époque ) ?Je suis très intéressée par votre article , étant une descendante d’un homme de lettres parisien , qui d’après notre roman familial, était très ami avec Gambetta et aurait quitté avec lui Paris , en ce 8 octobre 1870..
Merci beaucoup de me renseigner ou de me guider sur une piste …