Jeudi 20 avril 1967, séance houleuse à l’ Assemblée Nationale: alors qu’il prononce un discours à la tribune de l’hémicycle, Gaston Defferre, maire de Marseille et député socialiste, est sans cesse interrompu.
Le plus virulent est un certain René Ribière député gaulliste du Val d’Oise. Excédé Gaston Defferre s’énerve et lui lance : <Taisez-vous abruti !>.
René Ribière « l’offensé ».
Defferre refusant obstinément de retirer l’insulte, Ribière provoque le maire de Marseille en duel.
En tant qu’offensé le député Ribière a le choix des armes: ce sera l’épée !
Gaston Defferre « l’offenseur »
L’affaire fait grand bruit. Les médias, y compris la presse étrangère, se régalent. Pour tenter d’immortaliser le combat les reporters pistent jour et nuit les futurs duellistes.
Le seul que l’affaire ne fait pas rire c’est le général de Gaulle. Il tente de faire annuler le duel. Les émissaires de la présidence sont éconduits par Defferre qui refuse toujours de présenter des excuses.
Gaston Defferre, vindicatif, déclare même que non seulement il combattrait Ribière mais que son objectif était de le toucher sévèrement aux testicules afin de le rendre inapte pour son mariage prévu le 22 avril !!
Finalement, ayant déjoué la police et presque toute la presse, adversaires juges et témoins se retrouvent le 21 avril 1967 sous les ombrages d’une résidence privée de Neuilly-sur-Seine.
Les adversaires se sont préparés au combat mais Ribière est un novice alors que Defferre a été dans sa jeunesse plusieurs fois champion de méditerranée d’escrime.
L’arbitre du duel est le député gaulliste de gauche jean de Lipkowski. Il préfére les épées pointues de Defferre à celles émoussées de Ribière.
Le duel commence, il dure quatre minutes, il est filmé (on le retrouve dans les archives de l’INA).
Deferre touche à deux reprises son adversaire et l’emporte par blessure à l’avant-bras.
Jean de Lipkowski met fin aux hostilités jugeant que cela devient trop dangereux pour le futur marié !
Le maire de Marseille, futur ministre de l’Intérieur, sous François Mitterrand et son opposant René Ribière sont les derniers hommes politique français à s’être battu en duel.
En 1977 à la question : Le duel est-il toujours à vos yeux, la première manifestation de l’honneur ? gaston Defferre répondit:
<Je vais vous dire une chose. En fait, je considère que le duel est idiot. Lorsqu’on se bat en duel, on risque toujours de tuer. Et pourtant, lorsqu’on y est mêlé, on ne peut pas éviter de risque. Quand, dans le duel, on a un type en face de soi, on veut se venger, on veut faire valoir son droit. Quand je me suis battu, c’était bien dans l’intention de blesser>.
Sources :
La Vème République Pour les Nuls Par Nicolas CHARBONNEAU,Laurent GUIMIER
http://www.escrime.stadeclermontois.com/EscrimeVous/EscrimeVous_01_10.pdf
Bonsoir Gérard,
Alors là, je suis « sous le choc ». Je ne connaissais pas cette histoire de duel et je me suis régalée à la lire grâce à votre plume. Cela semble fou et en même temps on réalise que dans le sang des hommes coulent toujours des réminiscences de romans de cape et d’épée. Ah, quand la virilité s’emballe!!! Cela dit, les dames ne sont pas en reste quand elles prennent la mouche…
Merci de m’avoir fait connaître cette histoire. Je vous souhaite une bonne nuit
Bisous
Cendrine
bonjour Cendrine,
ah ! la testostérone ne rend pas toujours intelligent ! les hommes ont souvent un côté « cour de récréation » un peu stupide. La plupart des femmes échappent à ces travers …. à part madame Thatcher comme disait Renaud.
bises
gérard